19Avr

Tentatives de piratage à l’heure de la pandémie : Attention aux hameçonnages sur les réseaux sociaux !

À l’heure de cette pandémie du Covid-19, des personnes malveillantes profitent de la situation pour porter atteinte à la vie privée des internautes. Des tentatives de Phishing sont devenues de plus en plus recrudescentes, surtout avec la diffusion ou le partage de messages indésirables via les réseaux sociaux. Pour rappel, cette criminalité informatique n’est guère une pratique nouvelle mais la réapparition de ce fléau est devenue trop inquiétante, d’où la nécessité d’adopter de nouveaux comportements.

Quelle méthode utilisent les hackers pour procéder aux hameçonnages via les réseaux sociaux ?

Ces derniers temps, les réseaux sociaux sont devenus la cible préférée des hackers pour procéder à des cyberattaques. Ainsi, avec le phénomène du coronavirus, ces personnes malveillantes ont multiplié les tentatives de piratage à travers des messages qui transitent sur les plateformes de communication électronique. Par des vagues de fausses informations faisant allusion à une promotion ou offre de crédit gratuit, les cybercriminels introduisent des liens malveillants sur les messages qui circulent sur la toile. Plus loin, d’autres cybers attaquants semblent être plus formels en proposant de la connexion gratuite à travers des messages  que les utilisateurs partagent via WhatsApp par exemple, sous prétexte que la contrepartie fictive (volume de giga)  pourra leur permettre de rester chez eux, surtout en cette période de pandémie, ce qui est contraire à la réalité.  Cette pratique, communément appelée « hameçonnage » ou « phishing » dans le jargon de la cybercriminalité permet aux hackers d’effectuer une usurpation d’identité  afin d’obtenir des informations confidentielles pour en faire un usage criminel. Pour la plupart, les cybercriminels se font passer pour des entreprises publiques, des banques ou même des opérateurs de téléphonie pour proposer de fausses offres qui visent à attirer les utilisateurs.

Dans le cadre des réseaux sociaux, le pirate procède à la diffusion de faux message contenant un programme malveillant ou malicieux et invite les utilisateurs à cliquer sur le lien  ou  à transférer le message. Ainsi, l’ouverture de ces liens frauduleux permet aux cybercriminels d’avoir à leur disposition des informations personnelles (données personnelles, mot de passe, identifiants, données bancaires etc.) qu’ils pourront utiliser à leur guise. Ce fléau dans le domaine numérique continue de s’élargir et facilite le développement des cyberattaques en ligne.

Comment réagir face à une tentative d’hameçonnage sur les réseaux sociaux ?

Les bons comportements en ligne permettent de réduire considérablement les risques qui sont omniprésents dans le cyberespace. Pour éviter d’être une proie des hackers, il est impératif pour tout utilisateur des médias sociaux d’être plus vigilant et prudent que possible.  Ainsi, si vous êtes  par hasard le destinataire de ce type de message via les réseaux sociaux, le premier réflexe que vous devez avoir c’est de ne pas cliquer sur le lien qui se trouve sur le texte (le lien est souvent écrit en bleu). Le simple fait d’ouvrir le lien peut permettre au cybercriminel de réussir son opération de pêche car l’utilisateur est automatiquement redirigé vers un site frauduleux. A cet effet, il est fortement recommandé de supprimer le message pour ne pas faciliter au pirate la réussite de son action. Des fois, toujours dans cette mouvance de piratage, le cybercriminel peut solliciter le partage en masse (avec vos contacts) du message pour pouvoir élargir ses cibles et avoir le maximum de proie possible.

Cependant, pour ne pas participer à  la réalisation de cette pratique cybercriminelle, l’utilisateur doit éviter de faire passer le message reçu avec ses contacts ou dans les groupes de discussion. La majeure partie des gens qui utilisent les médias sociaux n’ont pas une culture numérique solide et n’hésiteront pas à cliquer sur n’importe quel message, ce qui peut être fatal dans certains cas de figure.  Aussi, le fait de ne pas fournir ses informations personnelles sur les plateformes ou onglets qui s’ouvrent lors d’un clic sur un  lien frauduleux fait partie des bons réflexes à adopter lors d’un piratage par hameçonnage. Toutefois, si par accident vous avez mordu à l’hameçon du hacker, pensez automatiquement à déconnecter votre appareil ainsi que tous les comptes qui s’y trouve et changer les identifiants et les mots de passe. De plus, l’utilisateur doit scanner son appareil pour pouvoir s’assurer de la sécurité.

Bref, le phishing est une pratique assez courante qui touche pas mal de personnes, surtout dans le  contexte actuel. À ce titre, il est important de maitriser les méthodes qu’utilisent les cybercriminels pour pouvoir s’en prémunir et agir de manière responsable.

ASSANE SY

Cyberjuriste- Consultant

19Avr

Pour une réforme du cadre juridique de la protection des données personnelles au Sénégal

La révolution  numérique a impacté tous les secteurs de la vie. Chaque jour, nos agissements, dans ce monde hyperconnecté facilitent et favorisent le traitement des informations associées à notre identité. Les données personnelles permettant d’identifier directement ou indirectement une personne physique sont aujourd’hui très convoitées par plusieurs acteurs. Donc, compte tenu de l’importance de ces informations, la notion de protection des données personnelles devient alors  une obligation. Ainsi, c’est dans ce contexte que s’inscrit l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui dispose que « nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »

Etat des lieux du cadre juridique de la protection des données personnelles au Sénégal

Actuellement, dans un souci de mieux protéger la vie privée des citoyens surtout dans un contexte marqué par le traitement en masse de données personnelles, tous les  états au monde ont élaboré des mécanismes juridiques relatifs à la protection des données personnelle. Au niveau du continent africain, des pays comme le Sénégal ont bien saisi l’importance de la mise en place d’un tel dispositif de protection. D’ailleurs,  c’est dans ce contexte  que le législateur national a initié depuis 2008 un cadre juridique  visant à assurer la protection des données des personnes. Il s’agit d’une part de la loi n° 2008-12 du 25 janvier 2008 sur la protection des données à caractère personnel. Cette disposition juridique  a pour objectif de lutter contre les atteintes à la vie privée des personnes. En effet,  ces atteintes peuvent être réalisées lors de la collecte, le traitement, la transmission, le stockage et l’utilisation des données personnelles (cf. art premier de la loi). Cette loi symbolisant une partie du cadre normatif permet d’encadrer les activités liées au traitement de données personnelles. C’est dans cette logique qu’elle impose aux responsables de traitement (structures publiques comme privées qui traitent des données personnelles) des obligations telles que la confidentialité des données (art 70), la sécurité des données collectées (art 71), la conservation des données (art 72) et enfin l’obligation de pérennité des données (art 74). De même, les personnes faisant l’objet de traitement de donnée personnelle ont des droits garantis  par cette même loi. Il s’agit d’abord du droit à l’information (art 58), obligeant au responsable de fournir un certain nombre d’édifications a la personne faisant l’objet de traitement. Tout de même, la personne, objet d’un traitement de donnée personnelle peut manifester un droit d’accès à ses  données par écrit ou quel que support que ce soit si cette dernière justifie son identité (art 62). Ainsi, elle peut aussi s’opposer à un quelconque traitement relatif à ses propres données pour des motifs légitimes (art 68). Enfin, le cadre juridique de la protection des données personnelles garantit aux personnes  faisant l’objet de traitement la possibilité de demander au responsable de traitement de rectifier ou de supprimer ses données.

Cependant, hormis l’existence d’un cadre normatif, l’environnement de la protection des données personnelles est aussi caractérisé par un cadre institutionnel qui est assuré par un organe de régulation. Créée depuis le 25 janvier 2008, la commission de protection des données personnelles (CDP) est une autorité administrative indépendante qui a pour mission d’assurer à ce que le traitement des données personnelles soit aux dispositions de la loi. Elle devient ainsi l’autorité compétente en matière de protection des données personnelles au Sénégal.

Toutefois, malgré l’encadrement juridique du traitement des données personnelles, nous constatons néanmoins des manquements dans la régulation de ce secteur. Pour cette raison, il est important de mettre en place de nouveaux mécanismes allant dans le sens de l’actualisation du cadre juridique de la protection des données personnelles au Sénégal.

L’actualisation du cadre juridique de la protection des données personnelles : une nécessité pour le législateur national

Actuellement,  la révolution numérique à créer de nouveaux prédateurs de données personnelles partout dans le monde. Des géants du web connu sous l’acronyme du GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) considèrent nos données comme une niche d’or a exploité. Cette situation irrépressible constitue ainsi une nouvelle source de menace pour l’atteinte à notre vie privée. À ce titre s’ajoute  une évolution exponentielle de la technologie, occasionnant ainsi l’avènement de nouvelles innovations dans le cyberespace qui n’ont pas été pris en compte par la loi de 2008. Par exemple l’intelligence artificielle, l’Internet des objets,  ou le big data, pour ne citer que ces nouvelles technologies exploiter par les entreprises à l’absence  d’une réglementation  spécifique.

Face  à cette situation, il semble important voire même cruciale pour le législateur national de procéder à un mis à jour du cadre juridique de la protection des données personnelles. Pour ce faire, de nouvelles dispositions devront être prises pour une adaptation de l’arsenal juridique face l’écosystème numérique.

D’une part, la révision du cadre normatif au niveau interne doit  nécessairement s’effectuer. Elle permettra au législateur national de constater clairement les insuffisances persistantes dans le corpus juridique national. Tout de même, il pourra introduire de nouvelles dispositions juridiques permettant à l’arsenal juridique de répondre aux réalités du terrain.  Ainsi, le renforcement des obligations des responsables de traitements permettra de réduire considérablement les atteintes relatives à la vie privée des personnes. En plus, la consolidation des droits des personnes faisant l’objet d’un traitement de donnée personnelle constitue à ce jour une obligation pour le législateur car elle permet d’instaurer un climat de confiance entre les acteurs concernés.  Au niveau communautaire, l’harmonisation des dispositions juridiques relatives à la protection des données personnelles permettra aussi de réduire la fracture juridique entre les pays de la sous-région. À l’image de l’union européenne avec le RGPD, il serait important de mettre en place une disposition communautaire visant à  faciliter la gestion de la question des données personnelles.

D’autre part, l’amélioration du cadre institutionnel de protection des données personnelles doit aussi interpeller le législateur national. Elle  peut s’effectuer d’abord  par une migration de la commission en Autorité nationale de régulation. Ce changement de statut permettra de renforcer les pouvoirs politiques et financiers de l’organe de régulation. Compte tenu de l’enjeu mondial de la protection des données personnelles, cette initiative participera ainsi à une consolidation de ce  cadre institutionnel. L’Autorité de régulation pourra bénéficier aussi d’un pouvoir de sanction, ce qui obligera en toute plénitude aux responsables de traitement de respecter la vie privée des personnes.

En ce moment,  au-delà des efforts considérables menés par l’État du Sénégal en matière de protection des données personnelles, des améliorations pourront toujours être avantageuses. Ainsi, nonobstant les ressources parcimonieuses dont dispose la CDP, cette commission continue tant bien que mal  d’assurer la mission de régulation en matière de protection des données personnelles en s’appuyant sur les bases de la loi de 2008. Toutefois, même si des axes d’optimisation ont été identifiés sur le cadre juridique, le Sénégal reste quand même une référence en Afrique dans le domaine de la protection des données personnelles. En effet, il fait partie des pays africain signataires de la convention de Malabo de 2014 et est le deuxième pays du continent ayant ratifié la convention 108 depuis 2016.

 

ASSANE SY

Cyber juriste-consultant

19Avr

Les services financiers numériques : socle de l’inclusion financière en Afrique de l’ouest

Il y’a de cela deux décennies, personne n’aurait imaginé qu’il était possible d’avoir de l’argent sur son téléphone portable, payer ses factures d’eau ou d’électricité , ou encore régler une facture d’achat  avec  son cellulaire. Ceci constituait un véritable mythe pour la population et certaines l’imaginaient quasiment impossible. Aujourd’hui,  les technologies numériques ont rendu possible cette  donne, ce qui a permis à toute l’humanité de se plonger dans une ère digitale. Toutes nos interactions passent désormais par des canaux virtuels, ce qui modifie considérablement nos activités. Pas mal de domaines ont subi l’implication des nouvelles technologies ce qui fait que le secteur financier n’est pas laissé en rade. Dans un passé très récent, on a tous vu naitre une nouvelle activité dans l’atmosphère financière : il s’agit des services financiers numériques.

Pour son fonctionnement, cette nouvelle tendance dans ce secteur traditionnel (secteur bancaire et financier)  s’appuie sur des supports technologiques  ainsi que sur la monnaie électronique. Ainsi, dans un rapport du Groupe Consultatif d’assistance aux Pauvres (GCAP) sur la régulation des services financiers digitaux rédigé entre février et juillet 2016, il a été mentionné que la notion de services financiers numériques n’a pas de définition commune et largement reconnue. Mais, dans plusieurs cas de figure, le concept sert à désigner la prestation de services financiers par voie de communication numérique (habituellement par la téléphonie mobile, cartes ou internet), avec un usage limité de l’infrastructure bancaire traditionnelle. Dès lors, on peut appréhender que ces services consistent à offrir à travers l’utilisation de supports  numériques, des possibilités de transactions bancaires à des personnes qui n’ont généralement pas accès aux opérations des banques et établissements financiers, ce qui constitue sans doute un enjeu pharamineux pour l’humanité.

L’Afrique de l’ouest a si tôt saisi l’importance d’une telle innovation dans le cadre de l’inclusion financière. C’est ainsi que les acteurs de cet écosystème ont pris très au sérieux cette activité depuis le début, même si des défis importants restent à relever.

L’Afrique : le berceau des services financiers numériques…

Dans un contexte fortement marqué par les technologies numériques, une mutation multisectorielle sévit un partout dans le monde. La transformation digitale constitue ainsi la nouvelle tendance des domaines d’activités, y compris celui de la finance. Compte tenu des réalités actuelles et d’une forte demande sociale issue de la clientèle, les acteurs traditionnels du secteur bancaire et financier commencent à améliorer leurs activités en proposant de nouvelles offres et services adaptés aux besoins de la population.  En ce sens,  de nouveaux mécanismes  de digitalisation des services financiers voient le jour. C’est l’exemple du Mobile Money, une innovation née bien de chez nous.

Face à une population à faible niveau de revenus, sous bancarisée ou mal desservie, une nouvelle opportunité s’est présentée en Afrique : le Mobile Money. Il s’agit d’un partenariat entre les banques et les opérateurs de téléphonies mobiles où le client ne dispose pas de compte bancaire mais plutôt un compte de monnaie électronique. Pour rappel, cette innovation a été lancée pour la première fois en 2007 au Kenya. Il était l’œuvre de l’opérateur Safaricom, une filiale du groupe britannique de télécommunication Vodafone.  Ce partenariat a généré le M-Pesa, premier service financier numérique en Afrique.

A l’origine, ce service était destiné à faciliter le remboursement de microcrédits de  Faulu Kenya, une institution de microfinance. Les bénéficiaires devraient s’appuyer sur les services de l’opérateur Safaricom pour s’acquitter de leur engagement vis-à-vis de l’institution. Ainsi, compte tenu d’un franc succès de ce partenariat, les clients ont  vite saisi les opportunités de cette innovation en effectuant des opérations qui n’ont pas été prévues au départ tel que le paiement des biens et services ou encore l’envoi et le retrait d’argent. Ce succès spectaculaire du Kenya a vite inspiré les autres états africains, ce qui fait que le modèle s’est vite reprodui  un peu partout dans le continent, notamment en Afrique de l’ouest.

Les services financiers numériques : un pilier fondamental pour lutter contre l’exclusion financière…

Depuis très longtemps, le circuit bancaire n’était réservé qu’à une couche sociale bien déterminée de la population. L’accès aux opérations bancaires était inaccessible, voire même impossible pour certaines populations. Cette situation avait  fini par instaurer une fracture numérique et financière entre les personnes non bancarisées et celles qui avaient intégralement accès aux services financiers. Pour certains, la banque était un luxe spécialement dédié aux personnes à revenu élevé, ce qui fait qu’elles étaient dans une situation d’exclusion financière. Par exemple, le monde rural a longtemps était écarté des infrastructures bancaires, occasionnant ainsi une marginalisation de sa population. Il en était de même pour les personnes pauvres, les personnes mal desservies ou encore les femmes qui éprouvaient d’énormes difficultés pour accéder aux services financiers. Aujourd’hui, avec le développement exponentiel des technologies numériques adossé à un taux de pénétration signifiant de la téléphonie mobile, cette tendance s’est vite renversée, constituant alors  un vieux souvenir pour la population. Ainsi, la technologie a joué un rôle crucial dans ce processus d’inclusion financière. Avec l’importation massive de supports électroniques (téléphones, TPE, applications),  l’Afrique est devenue un véritable hub du digital. Selon André Grissonnanche, expert de la Sécurité des Systèmes d’information, des transactions électroniques sécurisées et des systèmes électroniques de paiement, « l’Afrique a connu un incroyable développement du téléphone mobile au cours des dernières années. On compte aujourd’hui 850 millions de téléphones mobiles en Afrique, soit un taux de pénétration de 50% de la population. Le nombre de téléphones mobiles peut même parfois être supérieur à celui de la population. À titre d’exemple, il y a au Sénégal 1,2 téléphone mobile par habitant ».

Toutefois, si l’Afrique de l’ouest  a réussi le pari de digitalisation des services financiers, elle le doit en grande partie à la téléphonie mobile. Ce support qui ne se limitait qu’à un usage très restreint (émettre et recevoir des appels) est vite devenu un outil multifonctionnel, surtout dans les activités financières. Les services financiers numériques ont permis ainsi aux personnes jusque-là non bancarisées d’accéder aux services financiers formels grâce à l’utilisation de canaux numériques.  Avec une très grande accessibilité et une facilité d’utilisation, les nouvelles plateformes de services financiers proposent au public un large choix de gamme de produits et d’offres à distance en s’appuyant sur les technologies déjà existantes, ce qui  reste toujours bénéfique pour toutes les couches sociales. L’avantage de cette finance digitale est qu’elle offre à la population financièrement exclus des solutions alternatives aux opérations bancaires à moindre cout. Ainsi, dans son allocution d’ouverture lors  du forum de haut niveau sur les innovations technologiques au service de l’inclusion financière tenu à Dakar le 27 Novembre 2018, M. Tiémoko Meyliet Koné soutenait que  « le développement accéléré des produits de la finance digitale favorisé par la révolution du numérique intervenue au cours des derniers années, a généré des retombées significatives dans les pays en développement tout en consolidant la dynamique d’inclusion financière. Les innovations, en particulier l’adoption de la téléphonie mobile et des smartphones ont facilité l’élargissement de l’accès aux services financiers aux entreprises et aux populations jusque-là difficiles à atteindre ». Ces propos peuvent être soutenus par plusieurs exemples de  réussite des services financiers numériques dans le cadre de l’inclusion financière, surtout en Afrique de l’ouest car les avantages de ses services sont très vastes, et parfois même incommensurables. Aujourd’hui, avec les services financiers digitaux, les utilisateurs parviennent en un temps record  de stocker ou encore de transférer des fonds via la téléphonie mobile, ce qui permet à ces derniers d’améliorer le potentiel de leurs revenus et de lutter contre la pauvreté et l’exclusion financière. Ils permettent aussi d’anticiper sur les risques financiers en facilitant la collecte d’argent auprès des amis, proches ou parents, à un cout très réduit, ce qui constitue un avantage majeur pour l’inclusion financière.  D’ailleurs, l’Afrique de l’ouest a réalisé des exploits significatifs dans la stratégie d’inclusion financière car se fiant aux propos de Gisèle Ndoye lors de la deuxième semaine dédiée à cette activité en novembre 2019, la zone UEMOA a dépassé le taux de 57%, ce qui est rassurant du fait que la courbe est ascendante.

Toutefois, des défis restent à relever dans le secteur des services financiers digitaux…

L’importance des services financiers numériques dans la consolidation de l’inclusion financière n’est plus à démontrer. Partout à travers le monde , ces services ont permis à toutes les couches sociales de retrouver une place importante dans le circuit financier longtemps réservé à une catégorie de personne bien déterminée.  En Afrique de l’ouest, l’implication des technologies numériques dans le secteur de la finance a réduit considérablement la pauvreté, surtout dans certaines zones ou l’accès aux infrastructures bancaires étaient difficile. Toutefois, nonobstant l’importance de ce secteur à l’heure actuelle, des défis majeurs restent à relever.  En effet, parmi tous les acteurs de l’écosystème des services financiers numériques, le consommateur reste le plus important du fait qu’il représente le destinataire final. Compte tenu de sa position, beaucoup de risques peuvent peser sur lui et sur ses données personnelles. En ce sens, le renforcement des mécanismes juridiques et techniques de protection du consommateur devient une urgence. Pour rappel, pour la majeure partie des transactions qu’il effectue, le client est appelé à fournir certaines informations qui peuvent être dès fois confidentielles.  Même si cela entre dans un  cadre bien précis (la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme), il s’avère nécessaire de renforcer la vigilance sur les données collectées, surtout le respect du principe de la finalité.

Dans des activités aussi stratégiques que les services financiers numériques, la notion de confiance joue un rôle crucial du fait qu’elle permet de retenir la clientèle.  Dans cette activité, la confidentialité des données personnelles  et la protection des consommateurs est tout temps remise en cause. Cette situation s’explique du fait que la majeure partie des données sont collectées et traitées de manière passive et automatique, c’est-à-dire sans que le consommateur ne s’en rende compte. Les données peuvent ainsi transiter entre prestataires sans une autorisation préalable de la personne concernée. Ces actions sont illégales et peuvent amoindrir la confiance entre les prestataires de services financiers et les consommateurs, surtout lorsque certaines opérations sont suspectes ou encore certaines irrégularités s’opèrent sur le compte du client sans que ce dernier effectue une quelconque transaction. Ainsi, ces entraves peuvent souvent être source d’échec  ou d’anéantissement, surtout dans un secteur qui est appelé à évoluer perpétuellement.

L’autre défi important à relever dans ce secteur reste, entre autres, l’interopérabilité des plateformes de service financier numérique. Aujourd’hui, si le développement de ces services connait un ralentissement dans certaines zones, c’est parce qu’il est difficile de rendre interopérables certaines plateformes. Pour la plupart des cas,  on observe dans ces zones la présence de peux de services, ce qui peut être une source de blocage des activités.  Actuellement, il est clair que  l’exclusion financière de certaines populations est occasionnée par cette absence d’interopérabilité des services financiers numériques.  A titre de définition, l’interopérabilité peut être appréhendée comme « la capacité de l’utilisateur d’un compte ou d’un portefeuille géré par un prestataire, de recevoir ou d’effectuer des transferts vers le compte ou portefeuille d’un utilisateur géré par un autre prestataire. On peut aussi décrire l’interopérabilité au niveau de l’agent, quand un client d’un prestataire peut effectuer des transactions auprès de l’agent d’un autre prestataire ». Ce mécanisme permet ainsi de soutenir un écosystème de paiement inclusif car l’utilisateur pourra effectuer des opérations avec le prestataire de son choix ou entre prestataires. Ainsi, le problème d’interopérabilité entre les systèmes de paiements, les cartes ou encore les portes monnaies électroniques constitue une contrainte de taille pour l’inclusion financière. Même si que des projets importants allant dans ce sens sont en cours dans l’espace communautaire, l’atmosphère des services financiers numériques n’a pas encore connu l’effectivité de l’interopérabilité des plateformes. Toutefois, des efforts considérables sont en train d’être menés par des Fintechs  telles que Paydunya ou encore Touch.  Dans une démarche participative, ces agrégateurs dans le secteur financier ont aussi eu l’idée de promouvoir l’interopérabilité, ce qui constitue d’ailleurs un pas important dans la promotion de l’inclusion financière en Afrique de l’ouest

 

ASSANE SY

Cyberjuriste-Consultant, Spécialiste en protection des données personnelles

IFC, Gestion des risques et services financiers numériques, page 23

19Avr

Internet et vie privée : 10 recommandations utiles à adopter dans le cyberespace.

Aujourd’hui, il est indéniable que les technologies numériques font partie intégrante de notre quotidien. Ainsi, elles s’avèrent être un besoin nécessaire pour l’humain dans le cadre de l’usage personnel comme professionnel. Toutefois, il faut comprendre que ce monde virtuel est souvent synonyme de risques qui peuvent être fatales pour notre vie privée. Au-delà du fait que les utilisateurs constituent les premiers boucliers de sécurité, ils sont aussi ce maillon sur lequel s’appuient les cybercriminels pour commettre des infractions. Nos comportements peuvent être des failles que ces derniers exploitent continuellement, c’est pourquoi nous mettons à votre disposition une série de 10 recommandations pouvant participer amplement à votre sécurité en ligne.

 

1-      Avant de partager une information dans le monde virtuel, ayez l’habitude de la vérifier pour s’assurer de son authenticité et de sa véracité.

La vitesse exponentielle adossée à la viralité de l’internet fait que les informations sont partagées de façon instantanée. Au bout d’un seul clic, elles peuvent faire le tour de la toile et atteindre une cible très large. Et pourtant, rares sont d’entre nous qui prennent le temps de vérifier l’information. Si certains le font par méconnaissance, d’autres préfèrent s’accaparer de « l’exclusivité »  ou encore de convoiter le phénomène du « buzz ». On est véritablement à l’ère de l’infobésité, de la désinformation et des fakes news. C’est pourquoi il est très important de procéder à la vérification préalable de  l’information que nous devons partager car quelque part, on pourrait engager notre responsabilité.

2-      Ne publiez pas de contenus choquants, obscènes ou contraires aux réalités sociales : publiez juste ce qui est nécessaire et utile.

Nos publications sur la toile reflètent très souvent notre comportement dans le monde réel. Ainsi, il y va de notre propre intérêt de bien revoir les contenus que nous véhiculons car ils peuvent en dire trop sur notre personne. Si les médias sociaux contribuent à la dégradation des bonnes mœurs, c’est par qu’en réalité on les utilise sans modération. Compte tenu de notre niveau parcimonieux de culture numérique, il serait beaucoup plus important pour chaque  utilisateur de se focaliser sur l’utilité et laisser en rade la futilité.

 

3-      Ne faites jamais confiance à un ami virtuel car on  ne sait pas qui se cache réellement derrière l’écran.

Dans le monde virtuel, l’identité réelle de la personne n’est jamais connue. On ne sait véritablement qui est qui et qui fait quoi. Ainsi, la question de la confiance pose un véritable problème dans le monde du numérique. Avec les nombreuses techniques qu’utilisent les personnes malintentionnées (usurpation d’identité, contrôle de compte), on peut se faire piéger facilement et livrer des informations capitales relatives à notre vie privée. D’ailleurs, c’est pourquoi il est crucial de faire attention aux discussions que nous abordons en ligne.

4-      N’abordez pas de discours haineux, racistes, xénophobes ou sexistes en ligne : internet n’est pas une zone de non-droit.

L’expression « tout ce que vous dites peut être retenu contre vous » est aussi valable dans le cyberespace. Nous sommes tous responsables des contenus que  nous véhiculons sur les différentes plateformes de communication. Nonobstant la virtualité supposée, Internet constitue une zone encadrée par des lois et des règlements établis par les législateurs. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que les textes juridiques ont prévues de lourdes sanctions à l’endroit des personnes qui tiennent des discours déplacés (haineux, racistes, xénophobes). Les auteurs de telles infractions peuvent encourir une peine d’emprisonnement allant de six (6) mois à sept (7) ans de prison ferme et d’une amende de 500.000 à 10.000.000dee FCFA. (Art 431-41 et suivants de la loi n° 2016-29 du 08 Novembre 2016 portant code pénal).

5-      Ne partagez des informations qui peuvent nuire à la réputation d’une personne : même si vous n’êtes pas l’auteur principal du post, briguez la chaine de viralité en s’abstenant de toute diffusion.

Le phénomène du partage constitue une pratique très fréquente dans le cyberespace. Certaines d’entre nous s’empressent très souvent de partager à volonté des contenus sur la toile sans pour autant réfléchir sur le sort de cette action. D’ailleurs, c’est ce qui fait que certains contenus indésirables deviennent viraux, juste à la minute qui suit leur publication. Et pourtant, cette pratique nuit à la réputation de plusieurs personnes. Ainsi, dans un souci de mieux protéger l’humain dans le cyberespace, essayons toujours d’analyser les contenus que nous voulons partager avant leurs publications.  Apprenons aussi à briguer la chaine de transmission des contenus obscènes dans le but de consolider nos bonnes mœurs et nos réalités sociales.

 

6-      Ayez l’habitude de recueillir le consentement de la personne faisant l’objet d’une publication sur les médias sociaux, même si c’est un ami, proche ou parent.

Le consentement d’une personne constitue une chose essentielle dans le monde virtuel, et pourtant il est très négligé par les internautes. Même si ça peut paraitre insensé pour certains, recueillir l’autorisation de la personne faisant l’objet d’une publication sur les médias sociaux ou encore une personne faisant l’objet d’un traitement de donnée personnelle semble être crucial. Quelles que soient  nos relations, cultivons en nous ce sens de responsabilité et recueillons l’aval de l’intéressé avant de procéder à quoi que ce soit dans le cyberespace. Cette habitude permettra ainsi d’éviter des différends dans le futur ou en cas de litige.

7-      N’envoyez pas de photos, vidéos ou messages contenant des scènes sexistes  à qui que ce soit : apprenez à préserver votre vie privée en ligne.

Ces derniers temps, beaucoup d’individus se sont fait piéger en ligne par des cybercriminels en envoyant leurs  photos ou vidéos à caractère pornographique.  Si certains d’entre eux se sont faits trahis par des amis, d’autres n’ont pas pu échapper au génie des technologies qu’utilisent des personnes malintentionnées. Très souvent, l’auteur des photos ou vidéos érotiques subit des chantages sous peine de voir ses contenus divulguer en ligne. En réalité, chacun d’entre nous peut échapper à ces pratiques indésirables en adoptant des comportements responsables en ligne. Nous savons tous que  l’intimité est sacrée, raison pour laquelle elle ne doit pas être publiée ou exposée à la portée de tout le monde. Pour ce faire, évitons de filmer ou d’envoyer des contenus contraires à nos réalités sociales, quel que soit le motif évoqué par le destinataire.

8-      Internet est un couteau à double tranchant : Ayez l’habitude d’exploiter son côté positif et évitez d’en faire un usage futile.

Internet constitue un levier fondamental pour booster les activités de l’Homme. Au-delà de l’aspect divertissant que nous procure la toile, le monde virtuel regorge d’énormes potentialités pouvant être bénéfiques pour l’humanité.  Il ne nous donne que ce que nous lui demandons, alors ça serait bénéfique pour nous d’exploiter son côté positif, utile. Aujourd’hui, aucun secteur d’activité n’est épargné par les technologies numériques. Notre productivité peut être beaucoup plus significative  si l’on se concentrait davantage sur les aspects importants d’Internet. Pour que cela se réalise, il nous faut impérativement une nouvelle lecture de la toile. Tout de même, l’acquis d’une bonne dose de culture numérique serait un atout pour tout un chacun d’entre nous.

9-      Ayez l’habitude de revoir les conditions d’utilisation, les paramètres d’accès et de préférences des applications que vous utilisez, modifiez les à votre guise si possible pour plus de sécurité à votre vie privée en ligne.

Chaque jour, nous utilisons des applications sur nos différents supports (téléphones, ordinateurs, smart tv). Et pourtant, rares sont d’entre nous qui prennent le temps de lire intégralement les conditions d’utilisation. Très souvent, ce texte constitue le contrat d’adhésion qui nous lie avec la plateforme et il est mentionné la façon dont l’application traite nos données personnelles ainsi que notre vie privée. Au moment de l’installation aussi, certaines applications nous demandent des accès sur notre support. Toute autorisation d’accès peut donner la possibilité à l’application de contrôler certaines actions sur notre terminal. Ce n’est pas tout, d’autres applications peuvent même aller plus loin, en  demandant  de suivre nos activités hors de la plateforme. Alors, il appartient à l’utilisateur de bien revoir en fond tous ces détails pour ne pas consentir à quelque chose dont il ne maitrise pas. Limitons les accès et s’il le faut, désactivons le maximum possible les autorisations accordées aux applications et qui peuvent leur permettre d’avoir plus de détails sur notre vie privée.

10 –       Enfin, ayez l’habitude de mettre à jour les appareils électroniques que vous utilisez dès que l’occasion se présente. Dans le monde virtuel, aucun détail n’est à négliger.

Tous les moyens sont bons pour garantir sa sécurité en ligne. Dans le monde virtuel, il faut admettre qu’aucun détail n’est à négliger. Parfois, certains utilisateurs ignorent la mise à jour des appareils ou encore des applications qu’ils utilisent. Et pourtant, cette pratique peut quelque part améliorer la sécurité de l’appareil ou encore  l’application avec des niveaux de correction beaucoup plus élevé. Toutefois, avant de procéder à une quelconque mise à jour, lisez intégralement les changements qu’elle va apporter à l’ancienne version.

Bien vrai que le risque zéro n’existe pas dans le monde virtuel mais nous devons sensibiliser davantage les internautes pour amoindrir le maximum possible les risques omniprésents sur la toile. Ce document s’inscrit dans cette logique et dans une dynamique de contribution citoyenne sur l’usage des technologies numériques.

ASSANE SY

Cyberjuriste-Consultant, Juriste en droit des affaire et  Spécialiste en droit du numérique

19Avr

L’usage abusif des réseaux sociaux au Sénégal : la recrudescence du nombre de victimes chez les jeunes inquiète la population.

L’utilisation des nouvelles technologies au Sénégal et un peu partout dans le monde commence à déceler ses tares dans la société. Ces derniers temps-ci, le nombre de victimes dans le cyberespace a connu une augmentation très inquiétante pour l’opinion publique. L’internet en général et les plateformes de communications électroniques en particulier constituent les principaux supports de commission d’infractions cybercriminelles. Considéré comme une zone de non limite, la toile constitue ainsi un monde virtuel ou passe une interconnexion entre plusieurs milliards d’individus. Cette situation présente des risques pour les cyberconsommateurs, notamment les jeunes qui sont devenus très habitués avec les technologies numériques.

        Au Sénégal, la diffusion de certains contenus inappropriés aux réalités sociales est devenue virale ces derniers moments, suscitant des débats dans toutes les instances.  Comment est-on arrivé à ce stade? Pourquoi la jeunesse est la principale victime des dérives sur le cyberespace ? Quelles sont les conséquences qui peuvent en découler d’une telle situation ? Des solutions sont-elles envisageables pour éradiquer ce fléau ? Telles sont les questions qui méritent d’être élucidées au profit de la population pour une meilleure compréhension de la situation.

L’explosion des médias sociaux : l’un des facteurs aggravants de la situation.

La facilité d’utilisation d’internet et l’émergence significative des médias sociaux lors de cette dernière décennie a occasionné des impacts négatifs dans la société.  Pour rappel, les plateformes de communications électroniques ne datent pas d’aujourd’hui et ne sont guère nouvelles dans l’écosystème numérique. En effet, depuis les prémices de Facebook en 2004, les médias sociaux ne cessent de s’accroitre de manière exponentielle. Aujourd’hui, on en compte plus d’une  vingtaine d’applications diverses et variées selon les contenus proposés et la révolution numérique continue de suivre son épilogue. Cette situation a favorisé la multiplication du nombre d’internautes dans le monde. La courbe des cyberconsommateurs suit une logique ascendante faisant ainsi le Web un village planétaire. Ainsi, avec le contexte sanitaire mondial marqué par cette pandémie de covid-19, le nombre d’internautes et d’utilisateurs des médias sociaux a connu une hausse dans le monde et cette situation n’épargne pas le Sénégal. Compte tenu des mesures édictées par l’Etat dans la lutte contre la propagation du virus en occurrence l’état d’urgence et le couvre-feu, l’usage des médias sociaux était devenu le passe-temps favori de certains Sénégalais. À l’en croire, certains d’entre eux pouvaient passer plus de 6 h de temps avec leurs smartphones pour combler le vide occasionné par la pandémie. Ainsi, cette situation a contribué à la multiplication des dérives sur la toile. Toutefois, même si que les dangers du monde virtuel ne laissent en rade aucun internaute, la jeunesse, cette couche sociale très vulnérable est souvent victime d’une mauvaise utilisation des médias sociaux.

        La jeunesse : principale victime des dérives dans le cyberespace

La révolution numérique continue de se disséminer partout dans le monde. Avec le développement des nouvelles technologies,  la planète a connu un bouleversement spectaculaire sur tous les plans, permettant ainsi à la population mondiale de revoir leur façon de penser, de faire et de vivre. Les grandes firmes qui s’activent dans le domaine technologique produisent en masse des outils de communication électroniques pour répondre aux besoins de la population. Au bout de quelques décennies, le monde a assisté à un développement pharamineux du nombre de plateforme numérique ouvert et accessible à toutes les couches sociales et évoluant de génération en génération. Sous le coup de l’innovation, cette nouvelle génération, en occurrence la jeunesse est tombée  sur  des outils de communication électronique très sophistiquées et modernes. La révolution des téléphones mobiles classiques en smartphone a ouvert une nouvelle brèche dans l’écosystème numérique. Ainsi, cette situation a instauré un conflit de génération digitale. Les jeunes sont devenus beaucoup plus familiers avec ces plateformes, ce qui constitue sans doute un risque majeur pour cette couche sociale.

Au Sénégal, l’addiction des jeunes aux médias sociaux se justifie par plusieurs arguments. Par exemple sur un smartphone, les utilisateurs ont souvent tendance à installer plusieurs  applications proposant les mêmes contenus ou des contenus différents, ce qui favorise la publication en masse de leurs données personnelles.  Cette circonstance qui est le plus souvent adossée un quantum horaire signifiant d’utilisation des médias sociaux contribue d’une part à la multiplication des dérives dans le cyberespace. D’autre part, la question des amis virtuels pose souvent d’énormes problèmes. Dans ce monde virtuel, la confiance numérique constitue un élément très important, ce que beaucoup d’internautes ignorent à ce jour.

Mauvais usage des médias sociaux : une situation très déconcertante avec des conséquences déplorables.

L’utilisation tendancieuse des médias sociaux au Sénégal participe à une dégradation massive des bonnes mœurs surtout chez les jeunes. Depuis quelque temps, on constate que des contenus obscènes ou contraires aux réalités sociales transitent au niveau des plateformes de communication. Les internautes en général et la jeunesse en particulier s’adonnent à des pratiques malencontreuses. Ainsi, le nombre de scandale devient très vite pléthorique et le monde virtuel se présente comme une zone de danger. Pour rappel, Jean Foyer, le rapporteur de la loi informatique et liberté de 1978  avait alerté sur la situation avec l’interrogation suivante : « La civilisation de l’informatique ne va-t-elle pas devenir celle de l’indiscrétion et de l’implacabilité, celle qui n’oublie, ni ne pardonne, qui enfonce le mur de l’intimité, enfreint la règle du secret de la vie privée, déshabille les individus ? ». Aujourd’hui, le temps lui a donné raison. À l’espace de deux mois, des photos et vidéos à caractère pornographique tourné par des adultes sont devenus viraux, poussant ainsi les acteurs judiciaires à saisir et traiter le dossier.

D’ailleurs ce n’est pas tout, fréquemment des publications à caractère injurieux, racial ou confrérique font la une des plateformes de communications électroniques. De l’autre côté, des personnes malintentionnées préfèrent le dénigrement, la diffamation ou encore l’usurpation d’identité pour des raisons diverses et variées. Toutefois, si certains sont victimes d’une culture numérique insuffisante, d’autres sont souvent trahis par des personnes de mauvaise foi, ce qui rejoint en principe la question de la confiance numérique dans le cyberespace. A cela s’ajoute le phénomène du «partage»  sur la toile qui participe grandement à la chaine de victimisation des internautes. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que l’utilisation sans modération des médias sociaux participe à la déperdition des valeurs sociales. Pire encore, certains contenus peuvent déstabiliser la cohésion sociale et être la source de conflit, ce qui n’est pas souhaité. Pour ce qui de la vie privée, l’e-réputation des  acteurs de telles publications est souvent remis en cause car le problème du droit à l’oubli s’impose généralement sur la toile. Actuellement, les conséquences de cette situation sont énormes et parfois même elles dépassent l’opinion publique. La question de la vie privée sur internet a ainsi fait couler beaucoup d’encre et de salive. Si d’un côté certains s’intéressent sur la protection des données personnelles sur internet, de l’autre côté d’autre préfèrent s’aventurer sur les comportements et la responsabilité des internautes. Alors face à cette montée exponentielle du nombre de victimes dans le monde virtuel, il semble important voire même urgent de mettre en place des solutions pour extirper un tel fléau très néfaste pour la société.

Malgré cette situation désastreuse, des solutions pourront toujours être utiles pour l’éradication  de ce phénomène.

Les problèmes liés à l’usage abusif des médias sociaux sont d’ordre planétaire. Aujourd’hui, il est très difficile d’échapper aux tentatives d’atteintes à la vie privée sur internet étant donné que le risque zéro n’existe nullement pas dans le cyberespace. Néanmoins, des solutions aléatoires peuvent toujours aider à anéantir les dangers omniprésents sur la toile. Toutefois, même si quelque la sensibilisation fait défaut au Sénégal, elle reste à ce jour la clé de voute pour assurer une meilleure protection des internautes. Pourvue que  la majeure partie des usagers des plateformes de communication électroniques s’aventurent dans un monde parfaitement incompris, l’éveil de leur conscience sur les cyber risques peut aider à réduire considérablement les atteintes à leurs données personnelles .A travers cette sensibilisation, les acteurs concernés pourront insister sur l’existence d’un cadre institutionnel et normatif relatif aux activités en ligne et que certaines pratiques sont prévues et punies par la législation sénégalaise.

A ce titre, il est important de rappeler aussi que l’usage des réseaux sociaux est une question à responsabilité partagée. L’adoption de bons comportement en ligne doit être l’affaire de tout un chacun d’entre nous, surtout dans ce contexte marqué par une multiplication incessante des dérives. Tout de même, l’alourdissement des sanctions pour les cybercriminels n’est pas laissé en rade en guise de solution. D’une part, si certaines personnes insistent sur l’actualisation du cadre juridique de la protection des données personnelles au Sénégal d’autre préfèrent soulever la question du pouvoir de sanction que doit avoir l’autorité de régulation en occurrence la CDP pour mieux assurer l’organisation et le fonctionnement des activités numériques au Sénégal.

 

 

ASSANE SY

Cyber juriste-Consultant

19Avr

Jeunesse et Internet : quand les réseaux sociaux participent à la dégradation des mœurs au Sénégal.

L’utilisation tendancieuse des réseaux sociaux chez les jeunes au Sénégal inquiète de plus en plus la population. Avec cette explosion signifiante des médias sociaux, les jeunes considèrent souvent ces plateformes comme un lieu public pour divulguer des contenus indésirables, voire même obscènes. Ainsi, cet espace virtuel est devenu l’agora de cette couche sociale addictive aux innovations technologiques. Cette situation très accablante participe à la dégradation des mœurs et incite les jeunes à promouvoir la médiocrité dans les plateformes de communications. Alors, qui sont les responsables de cette situation ? Quelles sont les raisons qui expliquent cette situation ? Comment les réseaux sociaux participent-ils à la dégradation des bonnes mœurs au Sénégal ? À travers cet article, nous essayerons de répondre à ces questions qui inquiètent de plus en plus les sénégalais.

Le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication continue d’impacter tous les secteurs de la vie. L’utilisation de l’internet devient de plus en incontournable pour la société. Ainsi, depuis quelque temps, nous constatons que le nombre d’internautes dans le monde a connu une évolution significative. Au Sénégal, cette évolution se justifie par des chiffres plus ou moins alarmants. Sur une population de 16.52 millions d’habitants, 10 millions sont des internautes et 3.5millions sont actifs sur les réseaux sociaux.

Quelles sont les raisons qui expliquent cette situation ?

Cette situation qui devient de plus en plus inquiétante pour la société est d’une part due à l’utilisation des réseaux sociaux. Cet espace virtuel de communication est devenu le point de ralliement de milliers de Sénégalais particulièrement les jeunes. Depuis l’explosion de ces nouveaux outils de communication dans le monde, surtout avec la libération de Facebook en 2004, l’utilisation des réseaux sociaux est devenue de la mode chez les jeunes. La multiplication incessante de ces  plateformes occasionne des choix divers et variés pour les utilisateurs. Ainsi,  s’il en existe des dizaines de réseaux sociaux dans le monde, les plus utilisés au Sénégal sont entre autres Facebook, Whatsapp, Snapchat, LinkedIn, Twitter et récemment Tik Tok. Si chacun d’entre eux a sa particularité, leur point commun réside dans le fait que l’utilisateur du réseau fournit ses données personnelles de manière volontaire ou involontaire. Dès lors, le fonctionnement des médias sociaux engendre des conséquences néfastes particulièrement chez les jeunes qui sont devenus de plus en plus addictifs. Parmi les multiples impacts que peuvent occasionner ces outils de communication numérique, la déperdition des valeurs sociales est la plus illustrative au Sénégal.

Comment ces réseaux sociaux participent-ils à la dégradation des bonnes mœurs au Sénégal ?

Tous les jours, des contenues obscènes, choquants ou contraires aux bonnes mœurs transitent sur les différents réseaux sociaux précités. Les jeunes exposent quotidiennement leur vie privée sur ces espaces d’échange à travers la publication de photos, vidéos ou encore des messages sous format audio. Si certains d’entre eux ignorent les conséquences qui peuvent en découler de cette situation, d’autres en vont plus loin, jusqu’à même faire les médias sociaux un outil de concurrence de la mode ou encore de promotion de la médiocrité au Sénégal. À ce titre s’ajoute le phénomène du « Buzz » que convoitent certains jeunes ou encore la recherche de profit sur les rémunérations que proposent certains réseaux sociaux tels que Snapchat ou Tik Tok, en échange des données personnelles des utilisateurs. L’analyse des comportements, les émoticônes et le principe des « stories » proposé par ces outils de communication digital leur permettent de maitriser la vie privée des utilisateurs. Ainsi, l’absence de culture numérique, le faible niveau d’alphabétisation et le niveau d’inconscience notée chez les jeunes participent de plus en plus à la dégradation de cette couche sociale. Toutefois, malgré le nombre fabuleux de victimes observé ces temps si dans le cyberspace, ces jeunes continuent de prêter une oreille sourde aux dérives qui sont présentes sur la toile. Ils développent ainsi des comportements désastreux et abominables pour la société, et font intervenir plusieurs responsabilités.

Alors, qui sont les responsables de cette situation ?

Aujourd’hui, nonobstant le contrôle et la veille parentale sur les jeunes, cette couche sociale utilise des techniques qui leur permettent d’exploiter ces plateformes numériques de discussion, même en présence de leur entourage. Cette situation très bouleversante se justifie du fait que les jeunes sont devenus de plus en plus familiers avec les réseaux sociaux et s’adaptent plus rapidement aux  innovations technologiques. Ce conflit de génération dans le domaine du numérique a fait que la majeure partie des parents sont dépassés par cette évolution technologique. De même, les concepteurs de ces réseaux sociaux facilitent l’utilisation des plateformes à toutes les couches sociales et ne s’intéressent pas souvent sur l’âge de l’utilisateur, ce qui est déplorable.

Alors face à ce phénomène très alarmant, les gens s’intéressent très souvent sur l’avenir de la jeunesse sur internet en général et sur les réseaux sociaux en parti. Des lors,  si certains d’entre eux avancent la question  de la protection de la vie privée sur les espaces d’échanges en ligne, d’autres soulèvent  la responsabilité des différents acteurs de l’écosystème et fustigent le comportement des géants du net avec leur multiples innovations. Ainsi, compte tenu de cette  situation attendrissante des jeunes sur la toile  au Sénégal, nous développerons dans nos prochains articles les bonnes pratiques (techniques, juridiques, habitudes) à adopter sur internet en général et sur les réseaux sociaux en particulier.

 

 Assane SY

Cyberjuriste-Consultant SAYTU.SA

fr_FRFrench